Les dirigeants européens : « Ignorer l’IA, c’est se condamner à l’obsolescence d’ici dix ans »

Grand-Bigard, le 8 juillet 2025 – Les technologies comme l’intelligence artificielle (IA) et la cybersécurité redéfinissent le profil du dirigeant européen. C’est en tout cas ce qui ressort du nouveau rapport de l’agence de recrutement et de conseil Robert Half. D’ici 2035, les CEO et autres cadres dirigeants ne pourront plus se reposer uniquement sur leur expérience ou leur intuition. « L’intelligence artificielle, l’automatisation et les technologies émergentes constituent un nouveau cap pour la direction des entreprises. Celles qui ne prennent pas le train en marche aujourd’hui risquent de se faire irrémédiablement distancer d’ici dix ans », déclare Mathieu Bouten, Managing Director Executive Search chez Robert Half Belgique.
À l’heure actuelle, et comme dans de nombreux autres domaines, les nouvelles technologies font leur entrée dans les salles de réunion des conseils d’administration. Elles transforment à la fois le contenu des fonctions dirigeantes et les compétences requises. Les membres de la C-suite qui refusent d’intégrer des outils comme l’IA, la cybersécurité ou l’automatisation dans leur stratégie risquent une obsolescence sans précédent au cours de la prochaine décennie. C’est l’un des constats clés du rapport « Towards the C-suite 2035 », une étude européenne menée par Robert Half auprès de dirigeants de haut niveau.
« L’image traditionnelle du CEO visionnaire laisse peu à peu la place à un leader agile technologiquement, capable d’arbitrer entre innovation, gestion des risques et gouvernance. La littératie numérique devient tout aussi essentielle que les compétences interpersonnelles », poursuit Mathieu Bouten. « C’est justement ici que le bât blesse : alors que de nombreux départements exploitent déjà l’IA, il existe encore un déficit de connaissances numériques au sommet de nombreuses entreprises. L’attrait pour la technologie est bien présent, mais la capacité d’action numérique au sein des directions générales reste insuffisante. Or, les décisions stratégiques doivent s’ancrer dans le paysage technologique actuel. »

Une stratégie pilotée par les données
En outre, le rapport souligne que les entreprises qui négligent la technologie perdront rapidement leur avantage concurrentiel face à celles qui l’adoptent pleinement. Ainsi, 84 % des dirigeants interrogés identifient l’IA comme la compétence la plus critique pour les leaders de demain. Plus de 70 % anticipent d’ailleurs une prise de décision à l’avenir fondée sur les données et l’intelligence artificielle. Près de la moitié d’entre eux insiste néanmoins sur le maintien de valeurs humaines dans les processus décisionnels.
Plus étonnant encore, 10 % des dirigeants estiment que l’IA sera à terme au centre de toutes les décisions. Cette évolution ne doit cependant pas être perçue comme une menace.
« L’IA ne remplace pas le leadership, elle l’amplifie », affirme Mathieu Bouten. « Une large majorité des répondants considèrent l’IA comme un partenaire intelligent, capable non seulement d’enrichir la prise de décision, mais aussi de la rendre nettement plus efficace. Cela permet aux entreprises de réagir plus rapidement aux signaux du marché. En parallèle, l’IA affine les analyses et libère du temps pour se concentrer sur les véritables priorités : la vision stratégique, l’engagement des parties prenantes, la gestion de crise et l’évolution des talents. »

Apprendre, expérimenter et savoir assumer en cas d’échec
Malgré un enthousiasme manifeste pour l’innovation, bon nombre d’entreprises manquent encore de compétences numériques à l’échelon exécutif. Pour combler ce fossé, elles doivent investir dans de nouvelles aptitudes et stratégies.
Les formations sur les innovations technologiques prennent ainsi de l’ampleur. 60 % des dirigeants déclarent investir dans des programmes de formation à l’IA. Quelque 44 % envisagent même une approche plus large, axée sur la transformation numérique et l’analyse des données. Enfin, 31 % souhaitent encourager l’apprentissage continu sous forme de microlearning pour les leaders de demain. Ces formations visent à doter les cadres dirigeants d’une compréhension stratégique des tendances technologiques, sans exiger de compétences techniques approfondies.
« Une culture d’expérimentation et de curiosité est essentielle pour toute entreprise qui veut croître », conclut Mathieu Bouten. « Les entreprises les plus progressistes incitent déjà leurs dirigeants à piloter des projets expérimentaux, à créer des laboratoires d’innovation, à nouer des partenariats technologiques et à explorer de nouveaux usages. »
Pour la presse
Téléchargez le rapport complet ici. (en anglais)
Téléchargez le résumé analytique ici. (en anglais)
À propos de l’étude
Le rapport Towards the C-Suite 2035 identifie les défis majeurs auxquels les dirigeants d’entreprise et les investisseurs en capital-investissement seront confrontés en Europe au cours des dix prochaines années, et comment ils peuvent s’y préparer. L’enquête a été réalisée auprès de 400 dirigeants C-suite dans toute l’Europe et le Royaume-Uni, ainsi que 100 investisseurs en Private Equity en Europe et aux États-Unis.
Mieke Van Eyck
Nele Minten